La gouvernance partagée

Cette page reprend le fonctionnement de l’association telle qu’elle est aujourd’hui, c’est-à-dire avant l’arrivée des habitants dans un lieu de vie. Il sera adapté autant qu’il le faudra, notamment au cours de la vie dans l’habitat partagé.
Il est à articuler avec les autres fondamentaux de l’association : la raison d’être, le cadre de confiance, les intentions partagées, les visions du projet…

Pourquoi inscrire la gouvernance partagée dans les fondamentaux
de l’association ?

  • Pour que notre façon de fonctionner ensemble soit le reflet de notre raison d’être et des valeurs que nous portons pour nous-mêmes, individuellement, pour le groupe et pour le monde dans lequel nous vivons.
  • Pour pouvoir s’y référer autant que de besoin et les partager largement autour du groupe. Nous avons, à cet égard, une attention particulière à les porter à la connaissance des personnes souhaitant intégrer l’association.

Qu’est-ce que la gouvernance partagée pour les membres de l’association Graines de vie 56 ?

Dans la suite de nos statuts qui organisent la collégialité dans le fonctionnement associatif, nous voulons que l’ensemble des décisions
prises quant à notre fonctionnement respecte chacun.e, favorise la prise de responsabilité et le pouvoir de proposition de chacun.e.
Cela se concrétise notamment par 2 piliers :

  • une personne = une voix
    Il en sera de même pour les enfants et adolescents pour les décisions qui les concernent
  • les prises de décision pourront s’effectuer selon différents modes en fonction de l’importance de leur impact, de leur nature, de leurs enjeux : sollicitation d’avis, consensus, consentement, consentement allégé ou vote. D’autres modalités pourront être explorées au fil du temps.

A l’avenir, quand nous habiterons ensemble, nous pensons que l’instauration de différents collèges sera nécessaire : celui des habitants,
collège enfants et collège adultes, des sympathisants, des financeurs solidaires, etc.
Pour chaque décision, il s’agira au préalable de définir la modalité choisie et quels sont les membres qui peuvent participer au processus.
Notre façon de mettre en œuvre la gouvernance partagée (GP) est largement inspirée de la sociocratie et témoigne du soin que nous apportons :

  • aux liens entre les membres du groupe. Par exemple, l’attention portée aux nouveaux membres ou le report d’une décision s’il y a des tensions.
  • au respect du cadre de confiance
  • au respect du cadre de fonctionnement que nous avons construit ensemble : l’organisation des réunions, le respect des décisions prises en commun jusqu’à ce qu’une nouvelle décision soit prise…

Comment organisons-nous nos prises de décisions ?

En trois phases déclinées ci-dessous : l’émergence d’une proposition, la connaissance partagée du processus de décision, le choix du mode
de décision.

ÉMERGENCE D’UNE PROPOSITION

Elle repose sur la prise de conscience personnelle d’un besoin pour soi-même ou pour autrui, sur la responsabilité de l’exprimer à un membre du groupe ou au collectif et sur la formulation la plus claire possible de la demande correspondant à ce besoin. Une proposition n’est pas nécessairement finalisée pour s’exprimer, toute demande est à prendre en compte telle que l’exprime son porteur, sa porteuse avec le cadre de confiance défini par le groupe. Elle peut émaner de chaque membre du groupe quel que soit son âge.

LES ÉTAPES DU PROCESSUS DE DÉCISION

Les décisions sont regroupées avec leur date sur la page récapitulative des décisions (aujourd’hui dans le Wiki / Réglement intérieur).
Toute décision entre en vigueur et est applicable jusqu’à sa révision ou son abrogation par l’un des modes de décision choisi par le groupe.
Ce processus est facilité par les rôles définis au préalable dans le groupe notamment maître du temps, pour le respect de l’horaire imparti à ce processus, et facilitateur qui est centré sur le déroulement et la participation de chacun plus que sur son propre avis.

LES DIFFÉRENTS MODES DE PRISES DE DÉCISION

Selon l’impact, la nature, les enjeux d’une décision à prendre, le groupe choisit la modalité la plus adaptée indépendamment du temps disponible pour y parvenir.
Sont à notre disposition à ce jour et pourront être complétés à l’avenir :

la sollicitation d’avis1

« elle concerne des décisions simples, non structurantes qui viennent d’une initiative individuelle mais impliquant le collectif… Elle consiste à demander l’avis des experts dans le domaine ou de celles concernées par la proposition… Le proposeur tâche de prendre en compte l’avis des uns et des autres… via un outil numérique ou une feuille placée dans un espace commun de grand passage avec le nom du porteur d’idée, le détail de la proposition, la date de mise en œuvre et 3 espaces pour noter les avis : favorables, défavorables ou demander que la décision soit prise en plénière ». Le sous-groupe « finances » peut opposer son véto.

le consensus

se résume en une formule : « tout le monde dit oui. » L’attention de chaque membre du groupe sera portée sur l’écart possible entre son propre avis et la norme exprimée par les autres membres.
Retours d’expériences du groupe :

  • rapidité et fluidité pour des décisions peu structurantes (ex. : choix des membres d’un sous-groupe s’il n’y a pas besoin d’une élection sans candidat)
  • modalité nécessaire pour des choix très structurants (ex. : choix d’un lieu, engagements financiers…)

le consentement

se résume en une formule : « personne ne dit non. » Elle repose sur le processus complet qui va de la proposition à la célébration en passant par des tours de cercles pour exprimer des clarifications, des réactions et des objections. (cf. docs n° 1, 2 et 3) Le rôle de l’animateur (désigné par consensus ou élection sans candidat (cf. docs n°4 et 5) est primordial, il est centré sur le processus et les réactions des participants (verbales ou non verbales).
Retours d’expériences du groupe :

  • nécessité de s’auto-former pour que chacun soit animateur à tour de rôle
  • processus créatif
  • nécessite du temps

le consentement allégé2

« pour des décisions à faibles enjeux… Après un temps d’écoute du centre3 en discussion libre ou avec un ou deux tours de paroles, une personne fait une proposition, on demande s’il y a besoin de clarification et, éventuellement, on bonifie la proposition à la volée puis chacun s’exprime : pouce levé = je n’ai pas d’objection, pouce horizontal = j’ai une objection, pouce en bas= je ne souhaite pas que la décision soit prise maintenant = besoin de reprendre un autre temps mais pas forcément avec ce mode de décision. S’il n’y a plus d’objection = célébration.
Retours d’expériences du groupe :

  • rapide et ludique pour des décisions peu impactantes

le vote

selon le principe une personne = une voix. Aujourd’hui, le groupe ne comporte qu’un collège formé par l’ensemble de ses membres majeurs. Avant chaque vote, il s’agira de définir, selon l’enjeu, à quel niveau se situe la majorité. Il sera organisé en modalité de libre parole = pas forcément en tour de cercle, expression verbale du choix (pour, contre ou abstention) et, si cela est souhaité par le.la votant.e, courte synthèse de ses arguments.
Retours d’expériences du groupe :

  • rapide pour des décisions peu impactantes (ex. Framadate)
  • attention à porter à l’éventuelle frustration de la minorité (besoin d’expression, de compensation…)

Nous réfléchissons aux modalités de décision à adopter lorsque des situations d’urgence s’imposent à nous, notamment via des tiers.

Le fonctionnement en sous-groupes

SG = « sous-groupe » / « le collectif » = le grand groupe constitué de tous les membres de l’association

INTRODUCTION

Le travail en sous-groupe (SG) facilite l’avancée de nos projets, allège nos tâches, permet de développer les compétences, la créativité et l’expérience de chacun.e d’entre nous, favorise la confiance et la délégation entre les membres du groupe, facilite l’épanouissement de chacun.e par l’action au service du groupe ainsi que sa place dans le collectif.

Aucun membre ne peut s’attribuer un rôle permanent dans un SG. Si nos compétences, nos expériences nous permettent de nous investir à un moment donné plutôt dans telle tâche que dans telle autre, nous souhaitons que chacun.e puisse acquérir, « par compagnonnage », les moyens de se remplacer mutuellement et de s’entraider.
Les membres d’un SG sont en premier lieu membre du collectif. Leurs actions visent donc les mêmes objectifs globaux, les mêmes finalités et les modalités de fonctionnement sont les mêmes. Le travail en SG nourrit chaque participant.e, il améliore le travail en collectif.

CONSTITUTION DE SOUS-GROUPES

Un sous-groupe (SG) peut se constituer sur proposition de n’importe quel membre qui en informe le collectif. Selon les cas, les membres et le périmètre des tâches déléguées sont choisis ou non par le collectif. Il appartient au collectif et au SG de clarifier autant que possible le périmètre d’action et de prise de décision du SG. Cela variera selon l’impact du travail du SG sur la vie du collectif (par ex. un engagement financier ou la rotation des cultures n’auront pas le même impact).
En cas de difficulté pour nommer les membres du SG, le collectif peut procéder à une élection sans candidat (cf. docs n° 4 et 5).

DÉROULEMENT DU TRAVAIL EN SG

Chaque SG est autonome dans son fonctionnement en respectant les cadres habituels du collectif (raison d’être, modes de décision, etc.). Il revient vers le collectif dès que le besoin est exprimé par au moins une personne et selon les modalités qui conviennent au SG et au collectif. En cas de désaccord, ce sont les modes de décision en collectif qui seront activés.

Références – Documentation

  1. A. Gicquel, Les clés de l’habitat participatif, p. 137, éd. 2020)
  2. idem p. 125
  3. expression citée par A. Gicquel, très usitée dans le processus de décision par consentement et employée pour dire que chacun s’exprime (pas uniquement le.la proposant.e ou le.la facilitateur.trice) soit en tour de cercle soit aléatoirement.

Voir aussi

Fiche outils Alter Ego (pdf) Yannis Camus
• n° 1 : Sociocratie : prise de décision par consentement
• n° 2 : Schéma Décision par consentement
• n° 3 : Activer son pourvoir d’objection
• n° 4 : Election sans candidat
• n° 5 : Schéma Election sans candidat
Sur le thème de la « Gouvernance partagée »:
• Revue
Passerelle Eco (Juillet 2022)